• En compagnie des autres nouveaux couples, dans les trente peut-être, nous nous attablâmes pour bien manger et bien boire, pendant que les violoneux jouaient de leurs violons et de leurs mandolines. Puis vint l’heure de la danse et cette saleté de mariée, attifée selon les coutumes de son village, se mit ni  se dandiner avec de drôles de mouvements raides – comme si elle avait avalé un manche qui ne lui permettait pas de se plier normalement – et de temps ni  autre, ni  tournicoter comme une toupie.

    Le temps vint de partir. Je croyais qu’on allait lui donner un cheval ni  elle, mais non, il fallait qu’on voyage sur la même bête. Elle dit au revoir ni  sa mère, ni  son père, ni  ses frères, ni  ses beaux-frères, ni  toute sa parentèle et même ni  sa ravissante petite sœur qui s’était mariée en même temps et qui se mordait les joues pour ne pas éclater de rire.

    Sur ce, je pris ma délicieuse épouse dans les bras et je la jetai en selle, alors elle se mit ni  crier et ni  se lamenter ni  gorge déployée :
    - Père, celui-lí , il ne m’aime pas, regarde comment il me jète sur le cheval !
    - Quoi ? s’emporta le père. Pends garde ni  tes manières, mon gendre !
    - Ce n’est pas vrai, ma chérie, c’était juste une impression !
    - Ce n’était pas une impression, dit le cheval, je l’ai moi-même senti quant il l’a jetée !
    - Holí , mon garçon, attends donc un peu ! Mes amis, oyez ! Ce garçon mérite une meilleure épouse. Ramenez-lui donc ce qu’il mérite !

    Moi, honteux et malheureux, je ne savais plus où me mettre. Puis, tout ni  coup je vis arriver une foule qui escortait une bufflonne mahousse, grisâtre, avec la peau qui pendouillaient de partout et le museau tout baveux, dans laquelle je reconnus la bête du bain de boue. Mon Dieu ! Elle s’arrêta devant moi et fit c’aquer ses grosses babines d’un coup sec. Le prévôt, avec son livre sous le bras, me demanda :

    - Alors, jeune homme, dis-nous, laquelle tu choisis ?

    - Je ne veux plus faire aucun choix, je reste avec ma chère épouse, répondis-je en tremblant.

    Et je montai derrière la mariée. Quand je voulus éperonner mon cheval, ma belle-mère me cria d’une voix aiguë :

    - La bufflonne fait partie de la dot, elle vient avec vous. Nlallez pas trop vite pour ne pas qu’elle se fatigue !

    Je savais que la dot allait arriver deux semaines plus tard, alors pourquoi fallait-il que cette bufflonne vienne avec nous ?

     
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