• Le soleil était descendu derrière les collines et la vallée s’était remplie d’ombres et d’une fraîcheur piquante, qui vous pénétrait jusqulí  l’os. Nous rentrâmes chez Luca et je fis la connaissance sa mère. Elle faisait ni  manger dans une petite cuisine improvisée dans la cour. Elle était blanche et grasse, elle bougeait comme une oie et caquetait ni  peu près pareil. Elle dressa la table et se retira ni  son métier, apparemment pour tisser le trousseau d’Arina.

    Luca alluma la lampe qui pendait au plafond, faite avec une citrouille tâchée de moisissure et nous nous attablâmes. Je mangeai avec appétit et avant que nous ayons eu le temps de finir nos assiettes, Arina se leva de table et sortit sans un mot. Elle était juste un peu plus petite que moi. Je restai le regard dans le vide, fixant le cadre de la porte par où la fillette avait disparu. 

    Luca dit en regardant la citrouille :

    - Cette nuit c’est la pleine lune. Puis il me conduisit dans une petite pièce et étendit des draps pour moi sur un matelas fourré de foin

    Je m’allongeai avec les bras croisés sous la tête. Sur les murs bas en glaise, couverts de creux et de bosses, glissait une lumière rougeâtre. J’étais ni  deux doigts de m’endormir, épuisé par le long voyage et par la baignade dans la rivière, lorsque je m’arrachai ni  mes draps et courus dehors, au bout du ravin. Les ruisseaux brillaient, tout blancs, sur l’étendue obscure de la vallée et les vaches du village marchaient dessus, si nombreuses qu’elles n’en finissaient plus - on entendait des mugissements et des sons de c’oche ; sur le dos d’une vache se découpait la silhouette d’Arina.

    Elles se dirigeaient vers le haut plateau, la lune se levait un peu plus bas et les bêtes montaient l’une après l’autre, graciles et noires, comme auréolées.

     

     

     
    La lecture précédente La fontaine du bout de l’arc-en-ciel
    1
    La lecture suivante Le plus vrai des mensonges
  • ingtorrent.com
  • abouttorrent.com
  • storytorrent.com