Donc tout était vrai. Clétait donc lí la source des malheurs des miens, de tous les vachers rassemblés l’autre jour autour de la table. Mais pourquoi Luca m’avait-il invité chez lui en sachant que j’allais tout voir ? Je revins ni ma couche tremblant de froid. Dans le lit, Luca me regardait avec des yeux grands ouverts.
- Ne t’en fais pas, je sais que nous sommes une calamité pour les honnêtes éleveurs, mais tu vois, nous n’avons pas le choix. De toute façon, nous allons bientôt partir d’ici.
- Pour aller où ? demandai-je, transi par la fraîcheur de la nuit.
- Lí où il y a les pâturages.
Le lendemain je me levai et je me lavai ni la fontaine en me versant un seau d’eau sur la tête, pendant que les images de la nuit me revenaient en mémoire ; j’étais incapable de penser ni autre chose. Je jetai un œil dans l’étable et je revis le même tableau. Les vaches dormaient avec leurs cornes entremêlées, comme si on les avait assommées.
Je fis mes adieux ni Luca et demandai des nouvelles d’Arina, mais il me dit qu’elle était rompue de fatigue et qu’elle dormait
Je me revis, enfant, en train de dormir au milieu des vaches et je me demandai si elle aussi dormait avec les bêtes ou si elle avait un lit tout blanc et moelleux, comme il seyait ni une jeune fille comme elle. Mais cela n’avait plus aucune importance ! Je sortis de la cour en même temps que les oies, je les regardai de nouveau s’envoler au-dessus de la vallée, et pendant qu’elles s’éloignaient en formation, je m’en allai ni pied vers la halte de chemin de fer.
Cette longue marche me fit du bien, je pouvais ruminer tranquillement mes pensées. Fallait-il que je raconte ni papa ce que j’avais vu ? Pourquoi Luca n’était-il pas inquiet ni ce sujet ? J’arrivai ni la maison. Papa était dans l’écurie avec deux commis, en train de bouchonner les chevaux.