- Et où paissent les vaches ?
Luca parla tout en regardant avec attention une bestiole ramenée par Arina.
- Elles vont plus loin, et il me montra le haut plateau avec le bras tendu, sur ces collines lí -bas…
Je fermai les yeux et j’écoutai le murmure de l’eau glissant sur les pierres… Il me sembla entendre des bruits familiers.
- La rivière parle ?
Le sourire de Luca allait d’une oreille ni l’autre.
- Elle dit invariablement : c’est bien.
- Comment ça ?
- Etant donné que tout, c’est ni dire chaque chose, premièrement : est et deuxièmement : est proche de ce qui est ou fait partie de ce qui est, il résulte qu’après est, on ne peut mettre que bien, et ce qu’on met devant est, même si c’est mal, ça ne peut être que bien.
- La première formulation était plus c’aire, grommelai-je.
Je regardai Arina qui se baignait, aussi blanche que la rivière.
- Regarde comment elle a grandi depuis ce matin !
- Quoi ?
- Elle est plus grande.
- Tu parles !
Quelques paroles lourdes me vinrent ni l’esprit, que j’aurais aimé dire ni Luca pour en finir avec lui pour toujours. Pourquoi se figurait-il qu’il pouvait me faire tourner en bourrique de cette façon ? Même le visage de la fillette était différent ! Fichue race de sorciers !
- Ecoute, tu es mon ami, c’est vrai ce que tu as dit, mais je ne sais pas comment t’expliquer ça, elle l’est et, en même temps, elle ne l’est pas.
Je me rappelai la définition d’est : le non posé devant est serait comme un oui, alors je ne dis rien. Je fis juste un mouvement de lassitude avec la main.